L’expression Sacarle a alguien las castañas del fuego.
Cette semaine, c’est le début de l’automne. Pour fêter cette nouvelle saison, je vous propose, dans le cadre de mon challenge pour parler comme un natif, l’expression Sacarle a alguien las castañas del fuego.
Cette locution, pour moi, évoque à la fois l’automne et l’Espagne. En effet, « las castañas », ce sont les châtaignes. Quoi de mieux que le fruit du châtaignier, recouvert de sa coquille brun foncé, pour symboliser l’automne ?
La châtaigne me remémore aussi l’Espagne. Si vous vous y êtes déjà promenés en hiver, vous avez sûrement dû y croiser des stands sur les places publiques ou dans les rues, qui proposent des châtaignes grillées… Avec la bonne odeur qui s’en dégage, cela met l’eau à la bouche ! Même si l’on peut également les consommer crues, bouillies, rôties, caramélisées…
Le sens mot à mot de l’expression Sacarle a alguien las castañas del fuego.
Mais revenons à notre formule de la semaine : « sacarle a alguien las castañas del fuego » : Vous connaissez donc la définition du mot « castaña ». Le mot « fuego » signifie « feu », et « alguien » veut dire « quelqu’un ». Nous n’allons pas nous étendre dessus.
Reste le verbe « sacar » : très polysémique, ce mot a le plus souvent le sens de sortir, extraire, retirer, enlever. C’est le cas ici. Si l’on traduit littéralement la phrase en français, on obtient donc « sortir les châtaignes de quelqu’un du feu. ». Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Sacarle a alguien las castañas del fuego : qu’est-ce que ça veut vraiment dire ?
Selon le dictionnaire de la Real Academia Española, la définition est la suivante : « exécuter au profit de quelqu’un quelque chose qui pourrait peut-être le blesser ou le rendre mécontent ».
Hum… Un peu compliqué, non ? Bon, si l’on transpose cette définition en termes plus simples, « Sacarle a alguien las castañas del fuego », ça veut dire aider quelqu’un en s’exposant aux risques qu’une telle aide peut impliquer.
Si l’on repense aux stands qui proposent des châtaignes grillées en hiver, il est assez facile d’imaginer d’où vient la connotation de risque et de préjudice induite par l’expression. Si vous approchez vos mains du feu pour prendre les châtaignes grillées, vous vous brûlerez sûrement, à cause de la chaleur que dégagent les braises. C’est pour cette raison que si vous sortez des châtaignes du feu à quelqu’un, cela signifie que vous courez le risque de vous brûler, c’est-à-dire de subir à sa place les conséquences.
Quelle est l’origine de l’expression Sacarle a alguién las castañas del fuego ?
Lorsqu’on cherche le sens de cette expression dans le dictionnaire, on en trouve une autre: « Sacar las 4 castañas del fuego con la mano del gato. ». En français, cela signifie « sortir les 4 châtaignes du feu avec la main du chat ».
Moins fréquente, cette phrase pourrait toutefois nous donner des indices sur sa provenance . Elle nous renvoie directement à l’une des fables de La Fontaine, Le singe et le chat. La fable raconte qu’un chat et un singe faisaient griller des châtaignes. Le singe, rusé, voulait manger les châtaignes en toute sécurité. Alors, il a persuadé le chat de sortir les châtaignes chaudes du feu. Finalement, le chat a retiré les châtaignes du feu et, évidemment, s’est brûlé la patte.
Depuis lors, cette expression s’utilise fréquemment dans la vie quotidienne pour signifier que quelqu’un a l’intention de faire faire quelque chose par quelqu’un d’autre, mais pour son propre bénéfice.
Cependant, la notion de prendre des risques n’est pas toujours aussi présente. Souvent, cette locution revêt plus le sens de « sauver la peau de quelqu’un », « sortir quelqu’un du pétrin ».
En d’autres termes, faire quelque chose pour quelqu’un d’autre, afin de tirer la personne en question d’une situation gênante, ou de la dépêtrer d’une situation ennuyeuse dans laquelle elle s’est retrouvée. »
Cela peut également être faire quelque chose que quelqu’un d’autre doit faire, mais qu’il n’a pas pu faire ou qui est donc en difficulté pour le faire. Et cela implique de vous exposer à une sorte de danger, en courant le risque de subir des préjudices ou des désagréments.
Une fable française presque universelle
En français, nous avons une expression similaire pour traduire cela : « tirer les marrons du feu ». La formule anglaise, elle renvoie plus directement à la fable : « to make a cat’s paw of somebody » que l’on pourra traduire par « être la patte du chat pour quelqu’un. »
Dans l’expression argentine, on retrouve la gastronomie et l’alimentation, mais adaptées à la réalité du pays. Pour traduire la même idée,ce sont des pommes de terre qui remplacent les marrons. On dit donc « sacar las papas del fuego ».
Exemples en contexte d’utilisation de l’expression Sacarle a alguien las castañas del fuego ?
Exemple 1
Imaginez la situation suivante ! Une personne de votre entourage travaille, mais dépense l’intégralité de son salaire en futilités. Par conséquent, au moment de payer son loyer ou d’acheter à manger, elle va se tourner vers vous pour la renflouer. Vous allez l’aider une fois ou deux, puis vous allez finir par en avoir assez et avoir envie de la remettre face à ses responsabilités.
Vous pourrez alors lui dire : « Es la última vez que te presto dinero. Estoy harto de sacarte las castañas del fuego. Ya te he ayudado más veces, pero tú no haces esfuerzos para no caer en los mismos errores. ». (« C’est la dernière fois que je te prête de l’argent. J’en ai assez de voler à ton secours. Je t’ai déjà aidé à plusieurs reprises, mais tu ne fais aucun effort pour corriger tes erreurs ».)
Exemple 2
Un autre exemple : imaginez que votre patron vous demande de préparer un exposé pour des clients très importants pour l’entreprise. La présentation aura lieu dans deux heures. Vous commencez à travailler, mais tout à coup le téléphone sonne. C’est un de vos amis proches, avec lesquels vous n’avez pas parlé depuis longtemps. Vous amorcez une discussion et vous ne voyez pas le temps passer.
Au moment où vous vous en rendez compte, près d’une heure s’est écoulée. Vous avez donc un gros problème. Vous n’avez plus le temps de préparer votre présentation. Alors vous demandez à un collègue de vous donner un coup de main. Bien sûr, il accepte de vous aider, mais en son for intérieur, il râle. Il pense : « Como siempre, le tengo que sacar las castañas del fuego a este perezoso que, en vez de trabajar, se pasa casi una hora charlando con su amigo. » (« Comme toujours, je dois sauver la peau de ce paresseux, qui, au lieu de travailler, passe presque une heure à bavarder avec son ami. »)
Et voilà!
Vous avez compris l’idée ? Je vous laisse me proposer des exemples en commentaire. N’hésitez pas à me faire part également de vos remarques ou questions.
À la semaine prochaine pour d’autres contenus.
6 commentaires
Anne-Lise - Grandir en langues
C’est super intéressant ! J’aime énormément ces phrases difficilement traduisibles qui donnent toute leur saveur aux langues et montre que chacune sa sensibilité, sa culture et son histoire 🙂
En exemple, je pense à un enfant qui appellerait ses parents parce qu’il a fait une bêtise , pour qu’ils viennent le chercher assez rapidement avant d’avoir des ennuis !
Le blog d'espagnol
Oui c’est un bon exemple. Merci pour ton commentaire Anne-Lise!
Nicolas
Honnêtement en comprenant un peu le vocabulaire de la langue espagnole, je ne partait pas sur cette interprétation. Comme quoi la richesse d’une langue nécessite aussi (et c’est ce qui en fait le charme) une immersion profonde. Merci
Le blog d'espagnol
Merci Nicolas 😀
Lara Tabatabai
J’aime beaucoup l’image de cette expression mais il faut du courage pour aller mettre sa main sur le feu, surtout pour quelqu’un d’autre ! 🔥
Le blog d'espagnol
Merci Lara pour ce commentaire. A très vite!