L’expression Toque de queda
Que ce soit en France ou en Espagne, on a beaucoup évoqué ces derniers temps de l’opportunité (ou non) d’appliquer certaines mesures à certains endroits pour restreindre la libre circulation des citoyens à partir d’une certaine heure, le soir. Le but étant de limiter les rencontres et échanges entre différents groupes de personnes et d’empêcher la propagation rapide de Covid19 et de la « deuxième vague » de la pandémie. En France, on parle de couvre-feu. En espagnol, on utilise l’expression Toque de queda.
Le sens originel était « couvrir le feu » : cela vient de de l’obligation (imposée au Moyen Âge) d’éteindre toutes les cheminées, bougies et tous les lustres à une certaine heure de la nuit. Ainsi, on évitait, les feux nocturnes fortuits, à une époque où les maisons étaient essentiellement construites en bois. Les Italiens ont également fait leur propre adaptation en utilisant le terme « Coprifuoco ». Les Anglais aussi, avec la formule « curfew ». Par contre, on ne rretrouve pas du tout cette origine en espagnol dans l’expression Toque de queda.
Il m’a paru intéressant d’aller explorer avec vous les origines de cette expression.C’est donc le but de l’article de cette semaine dans le cadre de mon challenge pour parler comme un natif.
L’origine de l’expression Toque de queda
Ces mesures limitatives étaient à l’origine en étroite relation avec les interdictions ou restrictions appliquées en temps de guerre. On retrouvait aussi le couvre-feu dans certains modèles de dictatures. Il apparaissait également pour des raisons de sécurité nationale dues à certains types de conflits. Ou alors, pour le maintien de la santé commune, comme c’est le cas actuellement.
Les mots qui composent l’expression Toque de queda
Toque
Le mot « toque » vient en effet du verbe « tocar ». Celui-ci a plusieurs sens différents. Le plus connu et répandu d’entre eux est le verbe toucher quelque chose. Dans une autre acception, le verbe tocar signifie jouer d’un instrument de musique. Par exemple, dans la phrase « Me gusta tocar la guitarra » (J’aime jouer de la guitare). Le nom dérivé, « toque » désigne donc le son produit par un instrument. On le traduit généralement en français par « son » ou « sonnerie ».
L’expression Toque de queda provient du monde militaire. Elle se réfère étymologiquement à l’avertissement qui indique chaque jour à la population l’heure d’interdiction de sortir dans la rue; ou alors, la mise en place des restrictions à la circulation des citoyens concernés par cette mesure.
Lors des couvre-feux, traditionnellement, on annonçait le début de la mise en œuvre quotidienne des restrictions en faisant sonner une cloche, ou par un coup de clairon. Au fil du temps, cette proclamation a également pu se faire avec d’autres instruments. Par exemple le tambour, le cornet ou, plus récemment, en faisant retentir une sirène.
Le terme « toque » fait donc référence à ce son qui communique à la population l’heure de déclenchement des restrictions.
Queda
Le mot « queda » vient du latin « quiētus », dont le sens premier renvoyait au calme ; il pouvait se traduire par « tranquilité » ou « silence ». Ce mot faisait référence en particulier au moment de sérénité et de repos qui existe la nuit, par opposition au brouhaha et à l’agitation du jour.
Le son du « toque » invite donc les citoyens à rester au calme, et à « quedarse en casa » (rester à la maison).
Le dernier couvre-feu en Espagne
Le couvre-feu, dans tous les pays, n’est jamais une bonne nouvelle. Il est toujours synonyme de désastre, de guerre ou de liberté restreinte. En Espagne, les couvre-feux étaient fréquents pendant la guerre civile, puis la dictature franquiste qui a suivi. La dernière fois que l’Espagne en a vécu un, ce n’était pas légal, et ce fut de courte durée. Il a été décrété par le lieutenant général Jaime Milans del Bosch, le 23 février 1981 et dans la ville de Valence, lors de la tentative de coup d’État ratée du général Tejero. Depuis lors, aucun couvre-feu n’a eu lieu en Espagne.
Rien de surprenant, donc, à ce que le couvre-feu réveille de mauvais souvenirs pas si anciens que ça pour les Espagnols.
Néanmoins, le couvre-feu actuel, pour cause de virus, est bien loin de ce passé où les couvre-feux étaient quotidiens, dans une Europe embourbée dans une guerre constante. Il ne s’agit désormais plus que d’un confinement limité à certaines heures de la journée dans des lieux précis, avec l’idée d’enrayer au maximum la seconde vague de la pandémie.
Un peu de positif pour conclure
J’espère que cet article, à défaut de pouvoir rendre plus supportable le couvre-feu ou confinement présent, vous aura permis d’en connaitre l’origine. Et j’espère vous aider à mettre un peu de positif dans la situation actuelle en la relativisant par rapport aux couvre-feux historiques.
Si vous vivez mal les restrictions existantes, je vous incite à utiliser ces moments de calme forcé à la maison pour consacrer du temps à la réalisation de vos objectifs personnels. Pourquoi ne pas essayer d’avancer dans vos projets (comme, par exemple, l’apprentissage de l’espagnol) ? Allez, les amis, ¡ ya queda menos !
Je vous invite à me laisser vos réactions en commentaires ici ou sur la page Facebook du blog. Et je vous dis à très vite pour de nouveaux contenus !